Un épais voile nuageux obscurcis l'horizon, si bien que le crépuscule d'ordinaire flamboyant, a ce soir des allures cataclysmiques. Les nuages se gonflent de colère, et l'on entend retentir - au loin - ce grondement qui d'un seul coup de tonnerre, fait frémir les jeunes matelots, et gonfle d'orgueil les vieux loups des mers.
A bord, les marins s'affairent en tout sens. On hèle, on chahute, on mouline et on se précipite. Le pont est glissant mais seuls les plus jeunes moussaillons mouillent encore leurs postérieurs en s'y frottant. Quant à elle, agrippée aux bastingages de la proue, ses ongles plantés dans le veines du bois, elle semble déterminée à affronter la tempête. Il y a chez elle cette détermination intrépide, qu'on attribue plus volontiers à des conquérants songe-t-il alors qu'il noue une corde au pied du mât de misaine. Un éclair lézarde soudain le ciel à quelques lieues, et le temps d'un instant, tous à bord le contemplent. Mais pas elle. C'est lui qu'elle regarde à présent, comme si elle avait surpris ses pensées. L'azur de ses yeux, s'il pourrait évoquer un éther plus calme et une mer plus docile, fait pourtant à cet instant l'effet d'une lance de glace dont la pointe acérée serait dirigée au fond des orbites du jeune marin, pétrifié.
«Mon capitaine ?», bredouille-t-il.
(Je suis en région Grenobloise !)
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